Dali, le grand masturbateur

Le peintre

Il est bien connu que le peintre, cinéaste et animateur de spectacles tout au long de l'année, Salvador Dali, était l'un des plus grands génies du XXe siècle. Lui-même n'a jamais manqué une occasion de le souligner.

Le brave homme n’a jamais hésité à faire des commentaires tels que « À six ans, je voulais être cuisinier. À sept ans, je voulais être Napoléon. Et depuis, mon ambition n’a cessé de croître. » Ou encore : « Chaque matin, quand je me réveille, j’éprouve une joie exquise — la joie d’être Salvador Dalí — et je me demande avec ravissement : quelles merveilles ce Salvador Dalí va-t-il accomplir aujourd’hui ? »

Il est assez triste que Dali ait dû faire face, tout au long de sa vie, à un scepticisme sans bornes quant à son statut autoproclamé. Et encore aujourd'hui, beaucoup de gens le considèrent comme un bouffon.

Bien sûr, l'homme savait peindre, disent-ils, mais qu'a-t-il réellement ajouté à la culture du XXe siècle ? Il a peut-être créé ces horloges en fusion, une image iconique en effet, mais il y revenait sans cesse encore et encore – ad nauseam.

Certes, il était une figure de proue du surréalisme, mais il n’en était pas l’un des membres fondateurs, et ses apports à ce mouvement n’étaient pas particulièrement révolutionnaires.

Les paysages étranges et mélancoliques, dont Dali a peint tant, avaient déjà été peints par Giorgio di Chirico. Les images poétiques qu’il y insérait étaient souvent assez brutes et pas aussi raffinées que leur auteur aurait pu le croire.

Et que dire de son intégrité artistique ? pourraient-ils dire. Un artiste doté de capacités techniques aussi fabuleuses, qui faisait autrefois partie du groupe artistique le plus excitant du monde, était devenu le roi du bling-bling, un fournisseur de kitsch criard ; avec son défilé interminable d’accessoires en plastique, il avait ouvert la voie à Jeff Koons et Damien Hirst.

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Le Visionnaire

Certes, on peut critiquer Dali pour ces choses et bien d’autres, mais on passe à côté de l’essentiel. Dali était plus qu’un simple artiste : c’était un visionnaire, doté du don de clairvoyance.

Cela était déjà devenu évident dans son tableau de 1936 « Autoconstruction avec des haricots bouillis », dans lequel deux formes grotesques, qui appartiennent apparemment à la même monstruosité, sont engagées dans une lutte vicieuse l'une avec l'autre, et donc avec elle-même.

Dali a peint ce tableau six mois avant le début de la guerre civile espagnole. Pourtant, comme Dali n'a pas manqué de le souligner, ce tableau est une représentation de l'absurdité, de la cruauté et de la stupidité autodestructrice de la guerre civile. Il a juré que ce tableau avait toujours été une prédiction des événements à venir.

Comme beaucoup de voyants avant lui, Dali dissimulait souvent ses visions prophétiques derrière une façade de banalité et de caprice. Il n'y a pas d'exemple plus frappant que l'œuvre de Dali, "Jeune Vierge auto-sodomisée par les cornes de sa propre chasteté", réalisée en 1954.

Dans cette œuvre, on voit une jeune femme nue, apparemment poussée à travers une fenêtre ouverte dans un ciel bleu clair par un certain nombre d'objets cylindriques volants qui ressemblent étrangement à des godes. Dans le titre du tableau, Dali a appelé ces objets ressemblant à des godes des « cornes ». L'une des cornes se trouve exactement au milieu du tableau (et du corps de la jeune fille) et semble être le récipient qui s'apprête à se livrer à la sodomie évoquée dans le titre.

Les critiques et le public de l'époque condamnèrent le tableau, le jugeant cruel et vulgaire. Le fait que le tableau ressemble à une œuvre antérieure de Dali, dans laquelle il avait représenté sa sœur regardant par la fenêtre, choqua et dégoûta beaucoup de gens. Seuls ceux qui étaient prêts à approfondir leur recherche, à travers et au-delà des caprices déplaisants et sordides de ce grand bouffon, pouvaient trouver une vision prophétique.

C'est l'exploration qui est au cœur de ce tableau. Les cornes sont placées pour sonder la jeune demoiselle et, au fur et à mesure que ce processus se déroule, elle est libérée. Le cadre qui empêchait la jeune fille de s'élever dans le ciel bleu, dans un espace sans entraves, était une ceinture de chasteté stylisée. La ceinture est déchirée par les cornes.

Libérée de sa chasteté, elle est libre de goûter aux plaisirs du sexe. Créée en 1954, cette œuvre préfigure d'une quinzaine d'années la libération sexuelle de la fin des années soixante.

Et ce n’est pas tout : Dali nous montre un futur où tout est possible, où les corps nus peuvent se donner du plaisir avec tout ce qu’ils peuvent imaginer. Il évoque notre époque, une époque de gratification illimitée, de porno en réalité virtuelle et de télé-dildo.

Des jeunes femmes qui s'auto-sodomisent ?! C'est notre monde ! Dali le savait et le savait depuis longtemps, comme le démontre son œuvre phare « Le Grand Masturbateur » qu'il avait peinte bien des années auparavant, en 1929.

La tête bizarre, semblable à un rocher, qui figure en bonne place dans ce tableau est en fait un autoportrait. Dali n'a donc pas seulement prédit la société pornographique du futur, il en a ouvert la voie en assumant le rôle de libérateur sexuel : Dali, le Grand Masturbateur !

Écrit par:

Basilio Valentino

Oeuvre de :

Antoine van Hamond